30 novembre 2006
EDITO
De moi au mot, il n'y a qu'un pas. Et comme, c'est bien connu, il
est beaucoup plus facile de parler des autres que de soi, le mot sera donc
l'objet de cet édito. Il est à remarquer, à ce stade des présentations, que
le thème du mot, pour une rédactrice, reste sommes toutes plutôt bien placé.
Imaginez que j'ai voulu parler de toi, et donc de tôt. Passés les avenirs
qui appartiennent à ceux qui se lèvent tôt et autres proverbes soigneusement
ignorés par tout créatif pétri de son art, nous aurions eu vite fait de nous
enliser dans un verbiage tant matinal que mâtin… Je passe le soi et le sot,
qui ne saurait que nous mener à un La Fontaine dont nul ne sait encore si
un jour nous boirons l'eau. Mais revenons au mot, puisque c'est lui dont
il est question. Matériau indispensable de notre pensée, il la construit
au fil de toutes nos humeurs (matinales ou pas, soit dit en passant). Il
joue les adjectifs vifs et pétillants, se pose en un adverbe mélodique, s'envole
et voltige dans quelque verbe aux reflets facétieux. Il se plie, se façonne,
se contorsionne sous nos exigences, puis, superbe, dévale les phrases dans
une aisance à la trompeuse facilité (il aime, il faut le reconnaître, être
juste). Bavard, il s'installe, deux cafés l'addition, et nous conte notre
histoire. Il joue les gourmands, savoure l'audace de ses traits, nous invite
à lire le secret de ses pérégrinations. Pertinent, impertinent, synthétique,
authentique, attentif, créatif, un peu rimeur, un peu frimeur, il vagabonde
au rythme de ses intonations, au gré de notre imagination, fruit de toutes
nos destinations. Du mot à moi, il n'y a qu'un pas, certes, mais que nous
ne saurions franchir sans quelque précaution indispensable à toute compréhension.
Le mot est moi, soit, et il m'arrangeait bien de le contorsionner pour dérouler
cet édito. Mais surtout, le mot, mes mots, sont vous… Car au fond, de vous
à moi, il y a tant de mots…
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